Premier acte. l’Ukraine, à elle seule, produit 50% des ventes mondiales d’huile de tournesol, 18% de celles du maïs, et 14% de celles du blé. S’y ajoutent les exportations de la Russie, aussi importantes. 
En outre, le prix des engrais azotés va augmenter fortement du fait de la hausse du prix du gaz, qui entre pour 80% dans la fabrication des engrais.C’est un virage à 180°, car les premières jachères remontent à 1988 pour lutter contre la surproduction agricole. Elles ont ensuite été étendues, ainsi que les zones tampons enherbées, pour limiter la pollution liée aux traitements.

Deuxième acte. Que faire pour pallier ces déficits liés à la guerre, et qui touchent l’alimentation ?
Cultiver plus, en supprimant les jachères (1), grâce à des dérogations gouvernementales, pour y cultiver blé, tournesol, maïs, protéagineux (lupin, pois...).

Troisième acte. Il s’agit aussi de sécuriser les approvisionnements alimentaires, préoccupation absente des décisions avant la pandémie.
La Cour des comptes relève que seulement 25% de la production d’engrais est réalisée en France et que les stocks d’eau et de nourriture sont notoirement insuffisants (2).

Quatrième acte. Augmenter la production de maïs dans les anciennes jachères a son revers : le désherbant. Il s ‘agit du S-métolachlore fabriqué par Syngenta. En se dégradant, celui-ci libère dans l’eau un composé dangereux : le ESA métabolite, que l’on retrouve dans l’eau potable. 92% des cas analysés dépassent la limite européenne autorisée par la directive sur les pesticides.Ce pesticide, dangereux, est interdit depuis 2005 au Luxembourg. Depuis, des dérogations successives contournent le problème...

Vous l’aurez compris, ces productions augmentées ne se font pas en agriculture biologique. Où en est-on de l’ambition d’atteindre en France 18% de la surface agricole utile (SAU) en agriculture biologique d’ici 2027 ? En attendant, les aides au maintien en bio sont supprimées (3).

Le glyphosate vous a plu ? Vous allez adorer le S-métolachlore (4).

(1) Jachère : parcelle non cultivée du 1er mars au 30 août. Elle doit être couverte de végétaux, et aucune intervention phytosanitaire (engrais, désherbant, pesticide) n’est autorisée.
(2) l’Allemagne encourage, depuis 2017, les citoyens à se constituer 10 jours de réserves.
(3) La France Agricole, 8 novembre 2021.
(4) Le Canard Enchaîné, 23 mars 2022