Depuis plusieurs années, des mesures étaient annoncées afin de réduire les risques liés à des produits alimentaires contaminés. En cette période « mouvementée », où en est-on ?
Pesticides :
En 2009, le plan Ecophyto 1 du Grenelle de l’environnement avait pour objectif de réduire les pesticides de
moitié en 10 ans, soit à l’échéance 2019.
En 2016, Ecophyto 2 reporte l’échéance de 5 ans, de 2019 à 2025.
Enfin en mars 2023, Ecophyto 3 reporte à nouveau l’échéance de 5 ans, de 2025 à 2030.
L’évaluation se faisait selon un indice particulier, le NODU (nombre de doses unités) (1).
Le NODU est depuis longtemps la cible du lobby des pesticides et des partisans de l’agriculture intensive, qui lui préfèrent l’indice HRI (2).
Le choix de l’indice pour mesurer les traitements est le cœur du sujet : avec le NODU, on trouve une hausse des pesticides en France de 3 % , alors qu’en utilisant le HRI, on découvre une baisse de 32 %…
Ainsi, non seulement les échéances, comme l’horizon, reculent au fil des années mais, de plus, l’indice de mesure est contesté dès lors qu’il alerte sur les doses épandues.
Un autre aspect se lit dans une tribune (3) où 400 chercheurs et 200 soignants s’élèvent contre ce changement d’indice. Ils alertent sur le fait que, chaque année en France, il existe 433 000 nouveaux cas de cancers, dont 40 % sont évitables. Et les pesticides en sont un des facteurs responsables reconnus.
OGM suite :
En France, la culture d’OGM à des fins commerciales est interdite depuis 2008. La France a d’abord fait usage des clauses de sauvegarde et mesures d’urgence pour interdire la culture, sur son territoire, du maïs MON810 (4).
Mais l’autorisation de mise sur le marché du maïs MON 810 destiné à l’alimentation animale ou humaine est de nouveau accordée par la commission européenne en juillet 2024 (5).
Les doutes concernant les produits alimentaires OGM persistent. On ne peut pas les cultiver… mais on peut les consommer !
La charte de l’agriculture biologique interdit l’usage des pesticides et des OGM dans les produits bio. Vous n’en trouverez pas à la Coop ! Cependant leur usage dans l’agriculture nuit à la santé de tous : les pesticides volent avec le vent, et les molécules OGM, malgré l’obligation légale, circulent clandestinement, sans que les étiquettes ne les signalent forcément, par exemple dans les produits importés (6)…
Nous attendons réellement des mesures de santé publique dans ces domaines.
(1) Calculé à partir des données de vente des distributeurs de produit phytopharmaceutiques, le NODU sert à calculer le nombre de traitements « moyens » appliqués annuellement par hectare, sur l’ensemble des cultures, à l’échelle nationale. agriculture.gouv.fr/quest-ce-que-le-nodu
(2) HRI : indicateur de risques harmonisés https://www.lemonde.fr/lesdecodeurs/article/2024/05/03/pesticides-comment le-changementd-indicateur-permet-artificiellement-d-atteindre-les-objectifs-duplanecophyto_6231374_4355770.html
(3) Le Monde, 8/05/2024.
(4) Prévues par la directive 2001/18/CE et le règlement 1829/2003
(5) Décisions d’exécution (UE) 2024/1822/ 1826 / 1828 de la Commission du 2/05/2024, Journal officiel de l’Union européenne du 04/07/2024.
(6) https://infogm.org/article_journal/etiquetage-des-ogm-lacunaire-etmenace