Pendant ces 10 dernières années, la France était le premier pays d’Europe en termes de surface bio et le troisième marché mondial au niveau de la consommation. Ces bons résultats perdurent-ils ? La réponse est nuancée.
Il est un fait que la part de produits bio dans le panier des consommateurs a diminué de 0,4% pour s’établir à 6%, soit moitié moins qu’au Danemark (13%) ou en Autriche (11,3%).
Ce désamour est le résultat de plusieurs facteurs :
• le changement climatique, avec ses épisodes extrêmes de pluie intense ou de chaleur excessive, qui a réduit le rendement des viticulteurs et des céréaliers, obligeant ces derniers à se diversifier ;
• la diminution de la part de l’alimentation biologique dans la restauration collective, passée de 2% à 1% ;
• la rationalisation de l’offre chez les distributeurs au profit de leur propre marque ;
• l’inflation qui a pourtant moins frappé les produits biologiques (8%) que les produits conventionnels (12%). Les consommateurs, en lutte pour leur pouvoir d’achat, délaissent les produits plus favorables à l’environnement.
Ces facteurs ont touché plus particulièrement certains secteurs comme la filière lait qui a vu 15% de sa production déclassée ou la filière porc en raison d’une offre plus importante que la demande.
Néanmoins des notes d’espoir émergent de ce tableau.
D’une part, même si la surface cultivée en bio a baissé de 2% et représente 10,4% de la surface agricole, la France garde la première place en Europe.
D’autre part, plusieurs points positifs apparaissent : en premier lieu, la bonne tenue de la vente directe qui progresse de 3,9% ; ensuite les gains de parts de marché dans la restauration collective grâce à la loi EGalim3, entrée en vigueur le 30 mars 2023, qui fixe 50% de produits de qualité dont 20% de produits biologiques ; et enfin le maintien par le gouvernement de l’objectif de développement de l’agriculture biologique fixé à 18% de la surface agricole en 2027.
Pour conclure, toutes ces raisons ont permis de stabiliser la valeur des achats des produits alimentaires issus de l’agriculture biologique en 2023 et font oublier les baisses subies en 2020 et 2021.