2021, une brusque rupture du marché
Après des années de croissance, le marché alimentaire conventionnel et celui de la bio reculent subitement en 2021.
Ce retournement affecte en particulier les circuits de distribution classique (grande distribution et magasins spécialisés bio) qui représentent 80% du marché.
En revanche la restauration hors-domicile (RHD), la vente directe et les artisans progressent.

En amont du marché, que représente la production agricole biologique ?
Dans l’Hexagone, 58 413 exploitations sont engagées en bio, soit : 
• 13 % des exploitations agricoles ;
• plus de 200 000 emplois directs (temps plein). Une ferme bio emploie 30 % de main d’œuvre de plus qu’une ferme conventionnelle ;
• 2,8 millions d’hectares soit + 9% en 2020 ;
• 10,34% de la surface agricole utile (SAU), contre 9,49% en 2020.
En revanche… 
• les conversions en agriculture biologique sont moins nombreuses (-1 % en 2020) ;
• les « déconversions » sont de l’ordre de 4 % soit 2 200 fermes, ce qui est un mauvais signal ;
• l’attrait des produits bio, et les profits escomptés par certaines entreprises ont produit une très forte expansion des surfaces de ventes de produits bio. Mais si le chiffre d’affaires global a pu augmenter ces dernières années, il recule en 2021, et le même chiffre d’affaires au mètre carré se retrouve diminué au final !

Les causes de ce recul sur le marché français
Le pouvoir d’achat : la flambée des prix des produits alimentaires, du gaz et du carburant pèse sur le budget des consommateurs. La nébuleuse des labels : la prolifération de labels plus ou moins sérieux (adoubés par le gouvernement et/ou la FNSEA) a contribué à brouiller les différences d’exigence entre bio et non-bio. Parmi ceux-là : Zéro résidu (décelable) de pesticides (donc on en utilise !) ; Agri-confiance ; HVE (Haute Valeur Environnementale ou d’Enfumage) (3) ; Bleu-blanc-cœur… Tout cela entretient la confusion chez les consommateurs, et dispense ces nouveaux «  certificats  » du cahier des charges de 300 pages qui encadre la production bio... Quant au local, porté par l’envie des consommateurs d’aider les petits producteurs, il n’apporte aucune garantie, si ce n’est la proximité (un pesticide, même épandu localement, demeure un toxique !). Sauf à proposer du bio et du local comme chez Coop Nature.

Enfin, le bio desservi par les actions de l’État
C’est la Cour des comptes qui met les pieds dans le plat lors d’un rapport publié le 30 juin dernier ! (4). Elle rappelle en préambule les « bénéfices en matière de santé et d’environnement » et :
• elle dénonce le fossé entre ce qui était annoncé (15 % des surfaces agricoles en bio et 20 % d’aliments bio dans les cantines en 2022) et la réalité bien en dessous… en 2022 ;
• elle dénonce une communication publique insuffisante ; • elle dénonce l’ambiguïté des labels concurrents dont encore le HVE, moins-disant que le bio et pourtant soutenu par l’État de la même façon;
• enfin, elle dénonce l’insuffisance des soutiens financiers, avec « des aides à la conversion (à la bio) sous-dimensionnées et celles au maintien (en bio) supprimées ». En conclusion de son rapport, la Cour des comptes formule même 12 recommandations afin de promouvoir la bio.

Et désormais, quelles perspectives pour la bio ?
Le marché de la bio, même s’il est orienté à la baisse, se maintient sur de hauts niveaux. Les consomm’acteurs n’ont pas disparu et restent demandeurs d’une nourriture saine. La croissance folle de l’offre (les nombreuses surfaces de vente qui fleurissent partout) entraîne un rééquilibrage. Souhaitons donc que les 58 000 exploitations en bio puissent tenir face à ce retournement du marché. Coop Nature, notre coopérative locale, sait pouvoir s’appuyer sur son expérience et ses sociétaires pour continuer à promouvoir produits de qualité et conseils avisés. Votre fidélité témoigne de la confiance que vous lui accordez.

(1) Résultats officiels 2021 d’une recherche menée conjointement par l’INSERM et l’INRAe.
https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et sante-nouvelles-donnees-2021/ (2)
Voir aussi le magasine Que Choisir ? N° 615 (3)
Cf. Journal de la Coop N°72. (4)
La Cour des comptes / Le soutien à l’agriculture biologique / juin 2022 https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-soutien-lagriculture-biologique.
Source : Agence Bio