La pandémie du Covid 19 révèle les limites d'un marché alimentaire mondialisé :

  • L'approvisionnement et les transports incertains
  • L'agriculture orientée vers l'exportation
  • Les circuits courts et la consommation locale fortement valorisés...maintenant. Et pour l'instant.

   Notre autonomie alimentaire est apparue fondamentale...même au Président de la République le 12 mars dernier :

« Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond, à d'autres, est une folie. »

Alimentation et sécurité :

   Dans nos sociétés de surabondance, nous avions oublié ce qui fut notre préoccupation essentielle jusqu'aux années 1960 : l'accès à l'alimentation.

En effet,  « nous pensions les risques en termes sanitaires – salmonelles...- ou de santé -diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires... ». (1)

   Il a fallu une pandémie grippant la machine pour redécouvrir le lien entre alimentation et sécurité. La crise nous touche tous ; enfermés, nous devons nous approvisionner. Personne ne se déplace. Ces questions deviennent concrètes pour tout le monde.

 La crise révèle les failles du système :

   Certes, on est loin de la pénurie. Mais la crise du Covid 19 dévoile les innombrables vulnérabilités du système mondialisé :

  • la production de l'alimentation près de chez soi n'était plus obligée, on pouvait l'acheter loin et à bas coût
  • les transports sont devenus incontournables, véritable maillon faible
  • « le pétrole, indispensable énergie magique et maudite, bon marché, qui a permis de déterritorialiser la satisfaction de nos besoins essentiels » (1)
  • la géographie oubliée... les km abstraits révélés
  • 3 jours, c'est la durée d'autonomie alimentaire des grandes villes  !
  • absence de quantification précise des terres agricoles nécessaires pour alimenter la population locale

Le modèle libéral à l'oeuvre

  • C'est le système à flux tendu :

       = pression sur les transports et la logistique

       = chaînes d'approvisionnement vulnérables

       = forte dépendance (au prix de l'énergie, aux risques de catastrophes, et aux … pandémies !) : tout peut s'arrêter.

  • La globalisation produit des crises systémiques (financières, climatiques, sanitaires) qui touchent la société toute entière.
  • « On découvre qu'il faut les (les crises) gérer. Et que la puissance publique était dans un état d'impréparation absolue face à des scénarios de cet ordre. »(2)

Le surgissement de ces crises n'a d'ailleurs pas fait l'objet d'un travail de prévision sérieux.

Les questions soulevées par la crise sont nombreuses :

  • D'où vient notre subsistance selon le lieu de vie ?

Calculer les flux est complexe ; souvent, une même zone est à la fois exportatrice et importatrice. Les flux sont croisés et souvent opaques.

  • Les bases d'une information citoyenne « alimentaire » sont inexistantes : les documents de planification territoriale livrent bien le nombre de crèches, de zones commerciales, de réseaux … mais rien concernant les terres agricoles nécessaires à l'alimentation de la population locale.

Prendre conscience des dépendances et des efforts à accomplir vers l'autonomie :

  • Trois associations (3) y contribuent grâce à un site internet parcel-app.org : chacun (communes, cantines scolaires, citoyens …) peut le consulter. C'est un outil pour reprendre le pouvoir sur notre alimentation, sa relocalisation, ses moyens agricoles.(4)
  • Il s'agit moins d'atteindre l'autonomie complète (on ne peut tout produire partout !) que de permettre localement la satisfaction des besoins fondamentaux.
  • La géographie de la France et la richesse de son patrimoine agricole permettraient aisément l'organisation de « biorégions », lieux d'autosuffisance et d'échanges.
  • L'encouragement des producteurs locaux, la constitution de ceintures maraîchères, la qualité des restaurations collectives sont des orientations fécondes, par exemple...

On comprend bien qu'il s'agit d'une remise en cause du modèle agro-industriel d'exportation (encouragé par la PAC -Politique Agricole Commune-). La PAC est un puissant levier d'orientation agricole : à surveiller.

On comprend bien aussi que les traités commerciaux internationaux vont à rebours (ou en sens inverse) d'un projet d'autonomie locale (TAFTA, CETA, JEFTA). (5)

Modestement Coop Nature s'approvisionne localement, depuis sa création, et dès que cela est possible. Nous avons 120 producteurs LOCAUX et DIRECTS : c'est la réalité d'une modeste autonomie locale

La limite est celle de l'offre en produits bio, peu encouragée par le ministère de l'agriculture ces dernières années (subventions diminuées, parfois versées avec plusieurs années de retard...).

Nous soutenons l'association Terre de Liens dans son effort de faciliter l'accès au foncier de jeunes agriculteurs.

 

(1)Stéphane Linou, Résilience alimentaire et sécurité nationale

(2)Catherine Darrot, sociologue au CNRS

(3) l'association Terre de Liens , la FNAB (Fédération Nationale d'Agriculture Biologique), et le BASIC (Bureau d'Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne).

(4) G Louesdon, coordinateur de Terre de liens Normandie

(5) Accords de libre-échange : le CETA  ( entre l’Europe et le Canada),le TAFTA (entre l’Europe et les Etats-Unis),  le JEFTA (accord entre l’Europe et le Japon).

Les accords de libre-échange avaient jusqu’à présent pour but de réduire les barrières tarifaires au commerce entre les Etats afin de favoriser les échanges. L’Union Européenne a décidé de lancer des accords dit « de nouvelles générations ». Ils se distinguent par le fait que leur spectre couvre tous les champs de notre économie, y compris ceux qui restent à inventer. Leur objectif est de réduire les droits de douanes mais également les barrières non-tarifaires au commerce, qu'elles soient sanitaires, sociales ou environnementales.²