Sorti en salle le 11 avril, le documentaire d’Hélène Médigue On a vingt ans pour changer le monde est passé à Tours le 16 mai. La salle était comble. Quelques-uns des protagonistes du film ont ensuite répondu pendant plus d’une heure aux questions d’un public passionné par leur démarche pionnière.

Un cri d’alarme sur l’état de notre agriculture

Le premier plan s’ouvre sur une vaste plaine : peu de végétation, pas de vie. Dure comme la pierre, la terre est presque inerte, morte comme celle de 60 % des sols français que l’agriculture industrielle et les pesticides ont stérilisé. C’est flagrant : notre mode de production actuel ne nourrit pas la planète, puisque 1,5 milliard de personnes meurent de faim. Et il n’est même pas rentable puisque beaucoup d’agriculteurs gagnent moins de 400par mois et que tous les trois jours, l’un d’eux se suicide.

Pourtant, dès les années 1970, des scientifiques se sont inquiétés des ravages que la mécanisation outrancière et l’usage des pesticides ont exercé sur notre environnement et notre santé. Notre agriculture, outre qu’elle nous rend entièrement tributaire du cours du baril de pétrole, a divisé par 25 son efficacité énergétique : il faut désormais dix calories d’énergie fossile pour créer une calorie alimentaire !

Pour Hélène Médigue, ce modèle « industriel » est le reflet de certains dysfonctionnements de notre société qui a perdu son lien vital avec la nature. Le constat est, certes, alarmant, mais la réalisatrice aspire à délivrer un message d’espoir en proposant quelques solutions.

De nouveaux modèles mis en place par Fermes d’Avenir

Comme elle, les hommes et les femmes de Fermes d’Avenir pensent que la seule réponse pour nourrir le monde doit être collective. Leur association a monté un projet innovant, dynamique, structuré pour l’agroécologie et son modèle de développement économique, social, alimentaire et sanitaire. La réalisatrice a suivi pendant un an le fondateur de l’association, Maxime de Rostolan, sur tous les terrains : il sillonne les campagnes, rencontre les industriels, interpelle les décideurs politiques et explique en quoi le retour à une agriculture biologique est indispensable. Sa priorité est d’accélérer la transition agricole, ces 4 ou 5 ans nécessaires pour que les sols se régénèrent, première des difficultés rencontrées par les agriculteurs désireux de changer leur mode de culture. Pour une réponse collective à cet enjeu, il est donc nécessaire de mobiliser les pouvoirs publics, les citoyens, les consommateurs, les entreprises, les paysans, les investisseurs, les personnalités et de les relier entre eux.

Les actions entreprisent par l’association sont nombreuses : organisation de concours nationaux entre les fermes agroécologiques, plateforme de financement participatif, programmes de formation, etc. Ferme d’Avenir s’implique par ailleurs depuis plus de deux ans dans un grand projet à Brétigny-sur-Orge : la ferme de Cœur d’Essonne, 75 ha cultivés en permaculture sur l’ancienne base aérienne 217. Pour mener à bien cette mission, en concertation avec la région et la mairie, Fermes d’Avenir travaille de concert avec d’autres maraîchers bio déjà installés en Essonne et sept entreprises partenaires, dont Intermarché.

Hélène Médigue parvient à montrer que, tous interdépendants, nous pouvons générer une « énergie inépuisable (…), le contraire de l’individualisme qui rend le monde injuste et fou. » : des valeurs que partage Coop Nature.

En Touraine - En attendant une diffusion future à la télévision, vous pourrez voir

On a vingt ans pour changer le monde le 4 juillet à Amboise.